Les Amis de Saint Colomban

Les Sermons de saint Colomban (extraits)

1. Il faut nous hâter vers la patrie céleste, terme de la vie présente, (sermon n°8).

(…) Appelons Dieu parce qu’il est présent à chacun de nous, selon son mérite, bien que nous ne puissions ni voir ni concevoir le Dieu Trinité. Appelons-le, dis-je, d’ici où nous sommes, entrons familièrement chez lui, manifestons-nous à lui, et disons-lui en chantant sur la route : « Entraîne nous à ta suite à l’odeur de tes parfums » (Cant 1, 4) et « Mon âme s’attache à toi » (Ps 62, 9) de manière à traverser ce monde au milieu des cantiques (…). Occupons-nous des choses de Dieu, pour ne pas nous laisser prendre à celles des hommes, et tels des pèlerins, soupirons vers la patrie et désirons-là sans cesse. C’est le terme du voyage que souhaitent les voyageurs, et puisque nous sommes en ce monde des voyageurs et des pèlerins, songeons sans relâche au terme de la route, qui est celui de notre vie. La fin de notre pèlerinage c’est l’entrée dans la patrie. (…).Quand on a une telle patrie, on doit l’aimer. Gardons solidement ancrée en nous la certitude que notre vie n’est qu’un voyage. Nous ne sommes que des voyageurs, des pèlerins, les hôtes passagers de ce monde.

Aussi, fuyant toute paresse et toute tiédeur, appliquons-nous à plaire a l’Omniprésent, afin de passer heureusement, la conscience en paix, dans la béatitude éternelle de notre Pére, du présent à l’absent, de la tristesse à la joie, du caduc à l’éternel, du terrestre au céleste, du pays de la mort à celui des vivants, là où nous verrons face à face le ciel et le roi des rois à la tète de son royaume, notre Seigneur Jésus Christ à jamais dans la gloire ! Amen.

2. Que celui qui a soif vienne à moi et qu’il boive : Le Christ source de vie.

Frères bien-aimés, prêtez l’oreille à mes paroles, comme à quelque chose que vous avez besoin d’entendre ; et si votre âme a soif de la source divine dont je désire maintenant vous parler, attisez cette soif et ne l’éteignez pas. Buvez, mais ne soyez pas rassasiés. Car la source vivante nous appelle et la fontaine de vie nous dit : que celui qui a soif vienne à moi et qu’il boive. Boire quoi ? Comprenez-le. Que le prophète vous le dise, que la source elle même vous le déclare : ils m’ont abandonné, moi, la source de vie, dit le Seigneur. Le Seigneur lui-même, Jésus Christ notre Dieu, est donc la source de vie, et c’est pourquoi il nous invite pour que nous le buvions. Le boit celui qui l’aime ; le boit celui qui se rassasie de la Parole de Dieu, qui l’aime et la désire assez vivement ; le boit celui qui brûle d’amour pour la sagesse.

Voyez d’où jaillit cette source : elle vient du lieu d’où est descendu le Pain ; car le Pain et la source sont un : le Fils unique, notre Dieu, Jésus Christ le Seigneur, dont nous devons toujours avoir soif. Même si nous le mangeons et le dévorons par notre amour, notre désir nous donne encore soif de lui. Comme l’eau d’une source, buvons-le sans cesse avec un immense amour, buvons-le avec toute notre avidité, et délectons-nous de sa douce saveur. Car le Seigneur est doux et il est bon. Que nous le mangions ou que nous le buvions, nous aurons toujours faim et soif de lui, car il nous est une nourriture et une boisson à jamais inépuisables. Lorsqu’on le mange, il n’est pas consommé, lorsqu’on le boit, il ne disparaît pas ; car notre pain est éternel, et perpétuelle notre source, notre douce source. D’où ce mot du prophète : Vous qui avez soif, allez à la source. Il est en effet la fontaine des assoiffés et non celle des satisfaits. Les assoiffés, qu’ailleurs il déclare bienheureux, il les invite : ceux qui n’en ont jamais assez de boire, mais qui ont d’autant plus soif qu’ils ont bu.

Frères, la source de la sagesse, la Parole de Dieu dans les deux, désirons-la, cherchons-la, aimons-là sans cesse : en elle sont cachés, comme dit l’apôtre, tous les trésors de la sagesse et de la science ; et elle invite ceux qui ont soif à venir y puiser. Si tu as soif, bois à la source de vie ; si tu as faim, mange le Pain de vie. Heureux ceux qui ont faim de ce Pain et soif de cette source ! Ils mangent et boivent sans cesse, et ils désirent encore boire et manger. Que c’est bon, ce que l’on peut manger ou boire toujours sans perdre ni soif ni appétit, ce que l’on peut continuellement goûter sans cesser de le désirer ! Le roi prophète le dit : Gouttez et voyez comme est bon le Seigneur.

3. Du jugement dernier (sermon n°9).

Parlons encore de la fin, très chers frères. La fin de notre voyage, avons-nous dit, c’est notre patrie. (…). Fais de terre, passant peu de temps sur elle pour rentrer bientôt en elle, cette même terre, sur l’ordre de Dieu, nous fera naître une seconde fois à la fin des temps, pour être éprouvés par le feu, afin que le feu brûle en quelque sorte la terre et la boue, et montre en ce mélange une fois liquéfié ce qu’il aura contenu d’or ou d’argent ou d’autre métal précieux. (…Aussi) rien ne peut nous être plus utile, au cours de cette vie dont nous ignorons le terme, que de nous examiner chaque jour attentivement. Passons au crible nos paroles et nos pensées, et dans la crainte, le mépris des plaisirs du monde, songeons sans cesse au but de ce chemin de la vie dont nous avons parlé précédemment. Nous voyons la vie, mais en fait nous ne voyons qu’une ombre, une image fuyante et trompeuse. (…) Pensons toujours à la vraie vie, qui est l’éternelle, et qui, après la mort, rendra les justes immortels. Vois la succession des choses : la vie avant la mort, après la mort la vie. (…).

4. Vigilance et attente du Seigneur, (sermon n°12).

(…) Oui, demandons instamment au bon Dieu, par l’intermédiaire de son Fils Jésus Christ, qu’il daigne nous inspirer son amour, de telle sorte qu’il nous unisse étroitement à lui, à jamais. (…) Puisse-t-il m’arracher moi aussi, bien que son vil serviteur, au sommeil de l’inertie, m’embraser du feu de sa charité plus ardent que celui des astres, afin que ce feu divin brûle à jamais en moi. Que ne suis-je le bois qui nourrirait ce feu sans interruption, qui l’entretiendrait sans qu’il puisse jamais s’éteindre. Fasse le Ciel que je sois tel par mes mérites, afin que ma lampe brille la nuit dans le temple de mon Seigneur, et éclaire tous ceux qui entrent dans la maison de mon Dieu. ! Donne moi, Seigneur, (…) cette charité inébranlable, pour que brille sans jamais s’éteindre ma lumière, qu’elle brûle pour moi et éclaire les autres.

5. Leçons-variées de vie spirituelle, (sermon n°14).

(…) Sois donc courageux dans les tribulations, pacifique dans la discorde, lent à la colère, prompt à apprendre, lent aussi à parler et prompt à écouter. Actif pour le progrès, insensible à la vengeance, prudent dans le langage, prompt dans l’action. Aimable avec les honnêtes gens, rude avec ceux qui ne le sont pas, doux pour les faibles, dur pour les sots, droit avec les superbes, humble avec les pauvres, sobre et chaste partout, toujours pudique, patient jusqu’au zèle, jamais avare, toujours généreux sinon en argent au moins en esprit. Abordables dans les jeûnes, inabordable dans les veilles. Discret dans les emplois, opiniâtre dans l’étude, constant (malgré) le bruit, joyeux dans la tristesse. Audacieux pour défendre la vérité, réservé dans les discussions, plein d’égards pour les bons, intraitable pour les méchants, doux dans la libéralité, infatigable dans la charité, juste en toutes choses, indulgent pour ceux qui en sont dignes, pitoyable aux pauvres. (…) Rivalisant avec le parfaits, sans jalouser les meilleurs que toi ni souffrir de ceux qui te précèdent, ni critiquer les retardataires.

6. De la ferveur pour servir Dieu, (sermon n°15).

(…) Il faut aller de l’avent, oubliant comme l’apôtre le chemin que nous avons derrière nous (Phi 3,13) et disant au Seigneur « Entraîne-nous à ta suite, nous courrons ensemble à l’odeur de tes parfums » (Cant 1, 3). En fait, par nous-mêmes nous ne pouvons atteindre le chemin de la vérité, ni même y marcher. Nous devons donc en demander la grâce prévenante en disant Entraîne nous à ta suite, pour que nous courions vers toi. Il est dit d’abord justement : « Entraîne », et ensuite : « nous courrons », car si la grâce de Dieu ne nous prévient pas, nous ne sommes pas capables de nous mettre à l’œuvre, ni de l’achever si cette même grâce ne nous accompagne pas (…). Le mot « courrons » est bien choisi, car sur le chemin de Dieu il ne faut pas marcher d’un pas lent, mais courir avec joie et entrain.(…) Il court en vérité celui (…) qui ne se lasse pas de faire des bonnes œuvres. (…) Méditons donc avec empressement les exemples des Saints qui nous ont précédés. Courons, et n’abandonnons pas l’œuvre à laquelle nous avons mis la main, jusqu’à pouvoir dire avec l’apôtre : « j’ai combattu, je suis au bout de ma course, j’ai gardé la foi (2Tim 7, 8).

7. Des huit principaux vices, (sermon n°17).

(…) On vient à bout de la colère par la patience et la douceur, de la tristesse par la joie spirituelle et l’espérance de la béatitude à venir.(…).

8. De la Sainte Trinité (sermon n°l).

(…) Dieu est donc partout, dans son immensité et sa totalité, et partout proche, selon ce qu’il dit de lui-même : « Ne suis-je Dieu que de près ? Ne le suis-je pas aussi de loin ? » (Jér 23, 23). Nous n’avons donc pas à chercher Dieu loin de nous, puisque nous pouvons l’avoir en nous. En effet, il habite en nous comme l’âme dans notre corps (…) Oui, il habite en nous celui qui a dit : « J’habiterai et je circulerai au milieu d’eux » (2 Cor 6, 16 et Lev26, 11-12). Si nous sommes dignes qu’il habite en nous, alors en vérité, nous sommes par lui vivifiés, et en quelques manières ses membres vivants, « car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Act 17, 28).

 

Extraits des sermons de Saint Colomban par le père Axel Isabey. Traductìon du Pére Sanguini à partir de Migne / Père Jean Thiébaud, Saint Colomban, Instructions, Lettres et Poèmes, L’Harmattan édition, 2000

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